Quand le diable sortit de la salle de bain.
Voilà une découverte sans tapage. Une critique alléchante, un passage à la librairie. Bonheur ! Ils ont le livre qui m’attend sagement aligné au milieu de confrères de la deuxième impression, ceux qui ont accédés au format poche.
L’histoire : une jeune fille au chômage à Lyon se retrouve sans le sou, la faim au ventre avec des rêves d’écriture dans la tête, des principes, une grande fratrie à la campagne, un ami en peine d’amour et de sexe… Avec de l’humour, une écriture fine, des mots qu’elle tord et invente à loisir, Sophie d’Ivry empoigne un sujet d’actualité et nous invite à réfléchir sans en avoir l’air sur la situation du chômeur, sa place ou sa non place dans la société française d’aujourd’hui.
Extrait : « Évidemment personne ne répondrait à cet email. Mais pour l’heure, je ne le savais pas. Pour l’heure il était midi et j’avais faim. Mon frigo était vide. Je pouvais toujours remplir mon estomac de nouilles à l’huile mais j’avais une faim plus profonde, plus insatiable, une faim de fierté, acérée, une faim ambitieuse et dévorante, une faim de viande en sauce et d’ile flottante, une faim de travail, une faim de rôti de porc aux pruneaux, de velouté de potimarron-châtaigne, une faim de merguez grillées, de journées bien remplies, de grandes tablées bruyantes, une faim de nuits réparatrices, une faim de déchirer la gangue économique et la morosité sociale, une faim de joyeux camarades ; une faim de projets, de rire, d’emails dans ma boite, de poires juteuses, de coups de téléphone délirants, de destructions des contraintes… »
Je vous le recommande !
Sophie Divry est née en 1978, elle vit à Lyon et travaille aussi comme journaliste.
Elle a également publié « La condition pavillonnaire » (que j’ai moins aimé) et cette année un essai « Rouvrir le Roman » (à découvrir).
Quand le diable sortit de la salle de bain. Sophie DIVRY. Editions J’ai Lu.